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Ma langue double
15 juillet 2014

Les Merveilleuses

Je vais vous raconter une mora'ررaba!(une merveilleuse), annonce Tante Rabé'عa. Elle cite l’histoire du vieux mari d’une voisine à elle. Celui-ci a ramené dernièrement une Bonne. C'est une jeune fille assez belle, décrit-elle, même ''chic'', reconnaît sa maîtresse lalla Saعida qui en est contente. خAlti rapporte que son vieux de mari à Lalla Saida, apprécie la Bonne à sa guise. Car la fille, poursuit tante Rabéa, ne lui refuse rien; c’est une vraie perle, affirme sa femme.

La jeune fille paysanne, informe la tante, est civilisée depuis sa tendre enfance, à force de tourner dans les maisons comme Bonne. Celle-ci ne manque pas de s'en rengorger elle même quand elle en parle. (Il s'agit de la Bonne qui fait sa propre éloge). Elle dit de sa *''ع°zizti''..(*la femme du foyer nommée ainsi par la Bonne, ce qui veut dire ''sa chérie'') que celle-ci s’occupe bien d'elle, et elle ajoute: je fais tout sans clochettes sonnées à tout moment, comme chez d’autres! Je fais tout en douce, en silence! Chez une autre, qui me jalousait, j’ai abandonné mes frusques tout neufs..! ...

Tante Rabéa, lancée dans son récit qui semble intéresser les autres femmes, est soudain interrompue par Mama qui va citer à son tour les bévues vécues à cause de sa dulcinée envolée. Elle dit:

Si tu voyais ya خخti, si je vous apprenais tous les sacs emplis à exploser qu’emmenait le père de Fatéma!, à chaque fin de mois, quant il venait dévaliser sa fille et moi! Ils ont emporté de quoi habiller tout leur douar pour dix ans! Mes gourdes de filles les gâtent trop avec tous ces habits qu’elles leur ramènent à ces Bonnes; en plus de l’argent récolté de ci et de là! Les produits toilettes en profusion, w’zid w’zid! Si au moins cela apportait ses fruits! Aucune gratitude! Plus tu leur donnes à ces manants, et plus ils en veulent! La dernière, Fatéma, voulait se couper les cheveux comme ma petite fille et se torcher avec du papier hygiénique! Dire que sa chevelure infestait de poux quand elle a débarqué chez-moi! Je lui disais, je suis prête à héberger les lions et les tigres et non pas les poux! Qu’est ce qu’il m’a fallu pour la dé-pouxa-briller! Une tonne d’insecticide! Je lui ai même appris comment se laver f'l°m°ta'h°r, aux WC-toilettes! Ses autres sœurs, scalpées chez le coiffeur aussitôt arrivées, nous ont appris que chez eux à la campagne, ils ne se torchent pas, ni ne se lavent!

Tante Rabéa interrompue, mais donnant à sa grande sœur tout le loisir de parler et raconter ces tares de Bonnes à n'en plus finir, va quand même reprendre son récit et continuer à raconter l'histoire de sa voisine.

Celle-ci, minaude-t-elle, vous dit à chaque rencontre, parlant de son vieux mari grincheux infatigable, ''Tooouss'' sont morts, sauf lui le ''carapacé'', presque séculaire. Je ne le supporte ni l’accepte! Imaginez un homme qui épouse après moi deux femmes en sourdine, s’il meurt, je ne vais pas ''porter du blanc sur/après lui'' ni rester chez-moi trois mois sans sortir, (at'lék)t'a-t-elle dit!….

Comment?, je ne le savais pas, remarque Badia! Les femmes en deuil ne sortent pas?

Oui, pendant quatre mois, répondent les tantes réunies.

Ah bon!

Les choses heureusement ont changé!, va riposter خalti Bahiya, encore trop affectée par la mort récente de son mari. C’est la dernière en série des cinq sœurs tombées depuis ixe temps en veuvage..

Elle se sent affreusement seule!, dit tante Zoulékha..

Elle a de la chance, tous ses enfants sont avec elle, dans la même ville, apprécie Mama. En plus ils sont encore jeunes!

«Il» ne le lui a pas fait voir peu!, ajoute une autre voix de tante (c'est à dire, elle en a vu de quelques couleurs avec le défunt..)

Ils ont vécu 50 ans en ménage ya خخéti!, ajoute la tante empesée, envieuse par déception. Ses enfants à peine à l’école, (nous apprend-elle), il est devenu/ m’seilly m’diyène makay° ععr°f hi l’llahe w mra'تتouwlida'تتou! (/un homme parfaitement pieux qui ne connaît que Dieu, sa femme, et ses enfants).

Mais, laissez-moi terminer mon histoire!, s’écrie tante Rabéعa impatiente de raconter la suite..: Le mien, dit ma voisine, après soixante ans de vie conjugale, ''se trouve beau et vert encore''! Il lorgne les Bonnes! À moi, (rapporte tante Rabéa parlant du mari de sa voisine), il m’a dit l’éhonté, me rencontrant à leur porte, Bla حح°chma Bla 'ححya(sans aucune pudeur), il m'a dit qu’un homme de quatre vingt dix ans s’est remarié après la mort de sa femme et a eu un autre gosse! Je lui avais dit à sa femme, déplore tante Rabéعa, une vraie amie à moi, r°zaààla(aààdorable), que cette secte de chorfa est phénoménale! Leur fils d'ailleurs est pareil! Il a épousé trois femmes! Alors, elle m’a répondu, Je te jure bl°’r°dda,(de rage), je voudrais que mon fils envoie ces femmes au diable et épouse une quatrième qui le mérite!, qui soit à la mesure de m°حح°nn'تتou(de sa tendresse).. w’ tèy°bboub'تتou(de sa bonté) w’sخخaw°تou (de sa générosité).. maye’ s'تتa''ههlou’ههch l°’wila'ةةe (Elles ne le méritent pas les souillées!) ''On le lui fait voir et gober de toutes les couleurs'', w°lidi l°ححbib ععliya تتaye chouf l°wile!( il ne voit que souille-ries..)

La nouvelle moudawana a interdit la polygamie خalti!, informe Badia (qui est au fait mal informée comme d'habitude).

Iwa kach'ti, koul°chi ka'ye tm°cha b°l°’flouss ععan°d'na!(Si tu savais, réplique Mama toujours bien avertie sur les rouages de l'administration et de la justice), la corruption fait bon train chez-nous!

Badai remarque que celle qui se délecte le plus de la conversation, c’est la jeune fille qui accompagne tante Zouléخa. La nature des propos cités et le contexte soulevant le sujet de ''la bru rejetée'' à cause d’elle, la bourre de joie, la rengorge de toute la nouvelle importance accordée à sa présence bienfaisante auprès de la belle-mère indignée, envahie de rancœurs contre cette belle fille qui n’a pas bien agi à son honneur. En tout cas, la domestique est saturée à satiété de la situation qui fait gloire à son existence. Elle finit par se faire entendre. Moi, précise-t-elle, je dirai à mon futur fiancé''virtuel, que j’ai une Méma avec moi, dont je ne me séparerais jamais! Yaعع°ték s'terr w° r'da, ya l°rzala, s'écrie la tante avec sa voix chantante. Elle ajoute en faisant un câlin à la jeune fille, lui donnant des petites tapes à l'épaule: Wana, l°ققa bححalék?! (Est ce que je trouverais pareille que toi?) Et Tante Zouléخa de s'extasier de plus belle en invoquant Dieu. Elle souhaite aussitôt à son accompagnatrice que Dieu la protège ''sa belle''!

Badai va apprendre un mois plus tard que sa tante est à la quête d’Une autre Bonne..

 

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Commentaires
Ma langue double
  • C'est le récit d'une octogénaire qui soudain éprouve le besoin de raconter sa vie. Sa fille motivée, se fait le script de sa mère lancée dans ses souvenirs. Le texte prend des allures romanesques. Deux langues maternelles vont s'affronter.
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